Enfance heureuse

Publié le par Manus

J'ai eu une enfance heureuse. Ben faites pas cette tête. Ca arrive.

 Mon père battait ma mère quand elle le méritait, en prenant toujours soin de ne pas frapper à la tête (et sans laisser de marques sur le corps).

J'étais puni régulièrement sans raisons, parce que "la vie tu sais elle est très injuste et elle te fait pas de cadeau même que tu verras un jour tu me remercieras et file dans ta chambre tu m'inérves" (oui ma mère disait toujours "tu m'inérves" et j'ai toujours cru que ça avait un lien avec les minerves.... oui je suis souvent passé pour un con dans mon enfance....).

Mes parents aimaient me foutre la honte devant mes amis ou la famille du genre : « Hé tu te souviens quand t’avais ta gastro et que t’as chié sur la bande d’arrêt d’urgence ? » alors que je leur présentais ma première petite copine.

Je me souviens aussi des petits frissons qui me parcouraient quand l’horloge sonnait 20h, heure à laquelle mon père rentrait du boulot… Avec Donal, mon ami imaginaire*, on pariait pour savoir s’il allait avoir l’alcool joyeux ou l’alcool mauvais. Je ne prenais pas trop de risques en choisissant la seconde solution…

Je ne pouvais jamais m’endormir sans ma berceuse quotidienne. Elle ne m’était pas directement chantée, mes parents attendaient toujours que j’aie fermé la porte de ma chambre pour la commencer. Je ne comprenais pas tout mais il est clair, qu’avec le recul, elle avait été écrite par quelqu’un atteint du syndrome de la Tourette.

J’étais très impliqué dans les conversations de mes parents :

« Tu peux dire à ta mère que c’est une connasse qui prends du cul devant la télé ? »
« Maman, papa il a dit… »
« Tu diras à ton père qu’il aille baiser sa pute au lieu de me faire chier »
« Papa, maman elle a dit… »
Et j’en passe. La pudeur m’empêche de continuer ces échanges d’affections.

Mes parents m’ont souvent déçus. Consciemment ou non. Mais toujours en faisant en sorte que je ne veuille plus compter sur eux à l’avenir. Quelle prévenance ! Ils me préparaient déjà à leur absence, dans ma vie d’adulte.

Ma mère me prenait souvent à partie pendant la coupure pub de Santa Barbara, alors que je m’appliquai à apprendre mes leçons pour réussir dans la vie :
« Tu sais, ton père c’est qu’un « sanigaud », s’il découvre le « poteau rose », que je me tape son frère, il m’enverra au « smitière » « hélico » « presse tôt » »

Je peux vous dire que quand on parle comme ça, ça perd quand même de son effet dramatique. Ca me faisait voyager. Je me voyais dans cette hélico à la recherche du poteau rose...
Quand je vous dit que j’ai eu une enfance heureuse.

* Oui, je floute aussi le nom de mes amis imaginaires
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